# Infocapi n°14 : mai 2023 – Renversement de vapeur

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EDITO

Sommes-nous en train d’assister à un renversement de vapeur sur la position internationale de la France vis-à-vis de la séparation à la source ?

Lors du mardi de l’info de l’ASTEE Ile-de-France d’avril 2014 « Et si on triait aussi nos eaux usées ? », nous avions invité des experts de Suisse, de Suède et d’Allemagne, pays bien plus avancés à l’époque que la France en matière de séparation à la source urbaine, pour qu’ils nous fassent part des recherches et réalisations développées depuis plus de vingt ans dans leurs pays respectifs. Lors du mardi de l’info ASTEE – ARCEAU de mars 2023, notre invitée suisse Tove Larsen nous indiquait qu’elle considérait désormais la France comme une locomotive de la séparation à la source au niveau mondial ! Une délégation américaine du WEF (à peu près équivalent de l’ASTEE aux USA), en voyage d’étude européen sur la séparation à la source en février 2023, nous a fait part du même constat. Que s’est-il passé pendant ces neuf années ?

Même si la séparation à la source ne bénéficiait de presqu’aucune reconnaissance institutionnelle en France il y a dix ans, les nombreux acteurs du Réseau de l’Assainissement Écologique avaient déjà permis un (re)déploiement important du retour au sol de l’engrais humain, en milieu rural et en événementiel principalement jusqu’alors. Comme le montre brillamment Etienne Dufour dans le cas des matières organiques franciliennes, les résistances françaises contre la rupture du lien organique entre ville et campagne ont été fortes et, si le retour au sol des matières a quasiment succombé à la fin du xxe siècle, les travaux du « Comité de l’humus » des années 1950 ont continué d’inspirer – marginalement certes – les générations suivantes en France… qui s’en ressaisissent aujourd’hui !

Depuis 2014, la séparation à la source a progressivement acquis une reconnaissance institutionnelle auprès de l’Agence de l’Eau Seine Normandie (désormais jusqu’à 80% de subvention pour les projets de séparation à la source), du SIAAP[1], de l’Ecole des Ponts ParisTech, de l’ADEME, de l’OFB, de l’INSA-Toulouse pour ne citer qu’eux[2]. Et les projets portés par les collectivités locales ou l’État (quartier Saint-Vincent-de-Paul de la Ville de Paris, projet Kolos de la Métropole de Lyon, projets du plateau de Saclay…) donnent à voir aux observateurs étrangers une dynamique impressionnante illustrée par les articles de cet Infocapi. La Suisse romande n’est pas en reste, où l’on assiste actuellement à une diffusion rapide de la séparation à la source, tirée entre autres par l’habitat participatif très présent dans cette zone.

Le programme OCAPI s’attache en particulier à analyser les verrous aux transformations écologiques et sociales de notre monde. La réglementation française, souvent perçue comme un frein, offre en réalité de nombreuses possibilités pour les porteurs de projets de séparation à la source, tel qu’indiqué dans la récente note du GTT « Séparation à la source » d’ARCEAU-IDF et traduit par l’arrêté France Expérimentation sur les filtres à broyat de bois. Et le premier article publié du travail de thèse de Paul Minier montre que le verrouillage autour des gestions alternatives des matières fécales en ville et d’un risque sanitaire supposé maîtrisé grâce au tout-à-l’égout repose sur un malentendu. La gestion des risques sanitaires dans les villes occidentales dotées du tout-à-l’égout ne repose pas sur une barrière entre les excréments humains et l’environnement (ce que nous pourrions appeler « assainissement »), mais sur des barrières entre un environnement contaminé et les différents usages de l’eau.

Et comme toujours, cet Infocapi vous fera aussi découvrir les multiples projets du programme OCAPI, en particulier le nouveau projet sur l’histoire de l’organique en partenariat avec le Syctom, les trois nouvelles stagiaires à qui nous souhaitons la bienvenue et les prochaines manifestations à ne pas manquer : soirée TEDx, congrès de l’ASTEE[3], spectacles Humus Humains… et la dégustation de dorayaki à la farine Boucle d’Or dans un événement conjoint École des Ponts – Circulus – Tomo le dimanche 14 mai à la pâtisserie Tomo au 11, rue Chabanais dans le 2e à Paris !

[1] Syndicat Interdépartemental pour l’assainissement de l’agglomération parisienne

[2] Cf. entre autres la liste complète des partenaires du programme OCAPI

[3] À Nice du 6 au 8 juin, communications acceptées portées par Barbara Redlingshofer et Thomas Starck.

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